Introduction: Representing Women and Transnationalism in Francophone West Africa


Christian Ahihou
Brigham Young University


Ken Bugul est le nom de plume de l’écrivaine sénégalaise Mariètou Mbaye Biléoma. En wolof, ce nom signifie “celle dont personne ne veut.” Elle est l’une les écrivains les plus célèbres de la littérature africaine d’expression française du sud du Sahara. Ses romans sont aussi parmi les plus lus et critiqués du continent, en grande partie, à cause de ses positions controversées sur différents problèmes sociaux. A ce jour, elle est l’auteur de dix romans: Le Baobab fou (1983), Cendres et braises (1994), Riwan ou le chemin de sable (1999), La Folie et la Mort (2000), De l’autre côté du regard (2003), Rue Félix-Faure (2005), La Pièce d’or (2006), Mes Hommes à moi (2008), Aller et retour (2013) et Cacophonie (2014).

En 1999, elle a reçu le “Grand Prix de l’Afrique noire” pour son troisième roman, Riwan ou le chemin de sable. En plus du thème de la condition féminine en Afrique, son œuvre littéraire porte aussi sur les sujets de politique et de migration. Dans ses livres, en effet, elle appelle à une prise de conscience collective des peuples opprimés d’Afrique qui n’en peuvent plus de vivre dans la léthargie et se nourrir d’illusions sans fin.

Du 27 février au 3 mars 2018, elle a effectué une visite académique à Brigham Young University, Provo, dans l’Etat de l’Utah aux Etats-Unis d’Amérique où entre autres activités, elle a donné plusieurs communications sur divers sujets. C’est cette visite académique qui est la source d’inspiration du présent numéro de Lingua Romana entièrement consacré aux questions de représentations de la femme et de transnationalisme en Afrique francophone sub-saharienne. L’intégralité des vidéos de ses communications sur les thèmes de: “Migration et politique en Afrique” et “La condition féminine au Sénégal et en Afrique” sont accessibles sur le site internet de la revue. Elle a aussi eu un entretien avec des étudiants universitaires sur le thème de “L’écriture féminine en Afrique et autres sujets de littérature” ; l’intégralité de la vidéo de cet entretien se trouve également sur le site de Lingua Romana. Un lien pour accéder à son entretien radiophonique avec la journaliste Julie Rose lors de son émission Top of Mind, au cours de la visite est aussi disponible dans ce numéro. Chacun de ces entretiens et communications est transcrit, traduit de l’anglais en français et reproduit dans ce numéro.

Dans l’article “Mariama Bâ et Ken Bugul: De l’émergence à la radicalisation de l’écriture féminine en Afrique francophone subsaharienne,” je constate avec une partie de la critique littéraire que plusieurs années après les indépendances des années 60 en Afrique subsaharienne, l’œuvre des femmes noires africaines sur la scène littéraire voire politico-administrative était inexistante, mais pose aussi les prémices de la nécessité d’une reconsidération des vraies causes de cette non-participation des femmes noires africaines à la production des œuvres littéraires des années 60 et 70. Je propose ensuite une célébration des deux pionnières de l’émergence et de la radicalisation de la littérature féminine d’expression française en Afrique subsaharienne: Mariama Bâ et Ken Bugul. Elles sont à la tête de deux écoles d’écriture qui se forment pratiquement au même moment et se complètent sans s’opposer. Deux autres articles hors-séries ont aussi contribué à l’élaboration du présent numéro de la Revue. Dans “Writing to Heal,” Fatima Seck de George Mason University part de la nature autobiographique du Baobab fou et de l’écriture thérapeutique sur laquelle se base la narration pour mettre en exergue comment la voix narrative se sert d’elles toutes pour se faire entendre. Dans Le Baobab fou, en effet, plus que la voix de la narratrice homodiégétique, c’est celle de toutes les personnes marginalisées qui s’énoncent. Ce roman est un exemple du rôle de la littérature qui permet aux voix réduites au silence de s’exprimer et de se découvrir d’une manière sans culpabilité mais avec admiration, afin de trouver la paix en elles-mêmes. En ce qui concerne le second article: “Beggars but not Women: False Premises and Strategies of Resistance in Aminata Sow Fall’s The Beggars’s Strike” Yohann Ripert y offre une analyse de deux figures marginalisées de la société, la femme et le mendiant dans le roman La Grève des bàttu. Il est surtout intéressant de voir dans cet article la lecture originale de l’auteur qui débouche sur une étude de la condition féminine.

Nos sincères remerciements vont à ces deux contributeurs: Fatima Seck et Yohann Ripert pour leurs articles. Nous sommes également reconnaissants envers l’administration et les institutions de Brigham Young University qui ont sponsorisé et permis de rendre agréable la visite de Ken Bugul: the Department of French and Italian, The Kennedy Center for International Studies, BYU Africana Studies, et the BYU Global Women Studies Program. Enfin, un grand merci à Ken Bugul aussi pour avoir accepté l’invitation et d’être effectivement venue passer ces quelques jours d’échange du Savoir avec nous à Provo.

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